Vous Emoi Mutisme

Publié le 21 Juillet 2007

Je m'éloigne discrètement de ces gens qui sont censés être comme moi, mes camarades. Je n'arrive pas à me fondre dans la masse. Je suis mal à l'aise de vous voir tous regroupés. Je n'ai qu'une envie, aller me cacher et m'éloigner davantage. 
Je déteste ses regards croisés, qui se posent sur cette bâtisse. Une mise à nu insupportable, je suis humiliée. Ne vous fatiguez pas à parler tout bas, je me casse. 
Sur le chemin, j'imagine ses langues qui se délient. Les rumeurs s'alimentent des non-dits. Quelques unes viendront me frôler. "Tu as vu, elle est bizarre" "Elle a un problème cette fille" et j'en passe. 
Hors du troupeau, tu es vite vu comme le méchant petit canard. Vos préjugés agrandissent davantage la distance. 
Pourquoi je me sens si différente de vous ? Je n'arrive pas à être indifférente à vos dires, vos regards. J'aimerais être comme vous, plein d'entrain, rire pour un rien, parler de la pluie et du beau temps. J'aimerais échanger tout et n'importe quoi, ne plus me sentir exclue de ce monde. 
Je m'en vais en silence, la tête baissée. Je vais rejoindre ce banc au milieu d'une place, discrètement je vais broyer du noir. De longues heures défilent ainsi et puis des jours, jusqu'à l'école buissonnière. Peu importe, je peux remplir mon carnet d'absence comme bon me semble, ils se foutent de tout, vous ne voyez que du feu.
Je me sens bien ici, sur ce banc, là où je ne devrais pas être, là où personne ne m'attend, là où tout le monde peut me voir. Je suis cachée sans y être, je ne veux pas non plus me couper de tout, il me faut garder la porte ouverte au cas où... 
Je défie ainsi ce qui m'entoure, là commence une guerre sans merci. Je vais me battre contre mes sentiments, contre ce que je ressens envers vous autres et moi-même. Je fume le temps à ne plus savoir respirer. Je vais devenir accroc de cette dope ; de ce mal je vais plus pouvoir m'en passer. 
J'en ai grillé des clopes, à en être étouffée. Je voulais juste qu'elles m'anéantissent sur le champ, je voulais juste ne plus ressentir ce malaise, ce manque, ne plus avoir si mal. J'allais mourir en paix ici, à l'abri des regards indiscrets. J'imaginais ses autres en classe tout bonnement et je rêvassais à me faire mourir. 
Je suis libre de vous autres, je m'enferme dans ce mutisme.
Là se termine, l'innocence de mon enfance. Là commence, la descente aux enfers.

Alone Tree

Rédigé par Sév

Publié dans #Vous Autres

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E
Tu ne préfèrerais pas des ailes?
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S
Tu en as ? Vas-y passe ! La notice avec, please.                                 
E
Bon, assez descendu... Faut penser à remonter maintenant!
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S
Passe l'échelle.                                   
R
Faudrait pas abuser; arrêtons de pleurer sur notre sort d'être en marge. Oui nous sommes en marge et c'est bien heureux. Qui peut vouloir d'une vie de mouton, une vie au milieu, moyen, médium, médiocre ? Et si la vie ça fait souffrire tant mieux
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S
A travers la souffrance, tu te sens vivre.                  
J
Pendant des années j'errais seul comme toi; je me promenais en solitaire dur le bord de la cote. Pourtant la bretagne est magnifique, mais je ne la voyais pas, ainsi que tous les gens qui l'habitaient. Après un naufrage lors d'une bordée nocturne en mer, j'ai perdu un copainet pendant de longues années me prenant pour un assassin, j'ai essayé de noyer cette soirée alors des nuits de cauchemards, la descente aux enfers, des journées d'errences furent ma vie. Alors que je n'espérais plus rien de ce monde, une jeune femme m'a ouvert les bras et m'a appris à vivre. Comme tu le constates,il faut toujours espérer car il existe toujours quelque chose de beau au fond de nous même. En parcourant mon blog tu as du le ressentir, courage SEV; le fait d'être venu sur mon blog m'a redonné des ailes, pour les miens je veux faire encore plus. Mais chut!
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S
Chut...                            
I
si l'enfer c'est les autres, c'est aussi un peu soi.la mélancolie a parfois de beaux atours, elle alimente le romantisme, même si elle le teinte en noir.bel ange, n'oublie pas que tu as des ailes, déploies les, et ......... vole, vole bel ange, vers une destinée qui ne sera funeste que si tu t'y enfermes, elle t'appartient , bel ange, secoue tes ailes et rends la belle ,
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S
C'est joli.